15 mars 2013. Après une nuit froide (-7°c), le soleil en ce tout début d’après-midi réchauffe sérieusement l’atmosphère. La forêt de Bertrichamps, encore engourdie, quasi silencieuse (si l’on fait abstraction des avions qui la survolent et d’un léger souffle de vent), semble s’étirer. En lisière de hêtraie-sapinière, un léger bruissement attire mon attention… signe irréfutable que le printemps est sur le point de triompher…
Il s’agit du murmure microscopique produit par le réveil d’une fourmilière de fourmis rousses, ou fourmis des bois (fourmis du vaste genre Formica, comprenant 6 ou 7 espèces en France, souvent difficiles à dissocier).
D’ordinaire indécelable à l’oreille, ce bruissement produit par l’activation conjuguée de dizaines (voire de centaines) de milliers de fourmis peut être audible à cette époque de l’année, dans les parcelles de forêt les plus silencieuses, surtout si le sol proche de la fourmilière est recouvert de feuilles mortes, bien sèches. C’est le moment pour les ouvrières de se regrouper en masse afin de nettoyer le dôme de la fourmilière et de réparer les dégâts causés par les intempéries et les prédateurs (pics et blaireaux principalement) en quête de couvain et de grappes de fourmis apathiques.
Menacées par la destruction, la fragmentation, la mauvaise gestion des forêts ou tout simplement par l’ignorance des hommes, il faut savoir que toutes les fourmis rousses sont protégées en France, en raison notamment de leur grande utilité dans la protection des arbres contre les insectes envahisseurs, comme les chenilles processionnaires.
© Marc Namblard, tous droits réservés
A l'écoute de cette "pluie" de pattes, une démangeaison virtuelle m'a poussé à me gratter le mollet : je suis en forêt !